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A Paris, un policier qui avait insulté une femme victime d’agression sexuelle a été relaxé

Un policier qui avait traité de « pute » une femme ayant déposé plainte pour agression sexuelle, dans un message vocal laissé par mégarde sur le répondeur de la victime et rendu public par Mediapart, a été relaxé, jeudi 25 janvier, par le tribunal de police de Paris.
« La présidente du tribunal de police a considéré que le fait, pour un policier, de dire à une femme agressée sexuellement “grosse pute”, n’était pas une injure à caractère sexiste », a déclaré à l’Agence France-Presse l’avocat de la plaignante, Me Arié Alimi. « L’institution judiciaire continue à protéger les policiers. Ma cliente souhaite faire appel pour faire changer les mœurs judiciaires », a-t-il poursuivi.
Les faits remontent à 2022 : dans la nuit du 4 au 5 février, une femme de 34 ans avait déposé plainte auprès de policiers du commissariat des 5e et 6e arrondissements de Paris pour « agression sexuelle en état d’ivresse ». Un autre policier de ce commissariat l’avait ensuite appelée et lui avait laissé un message lui demandant de venir compléter sa plainte.
Croyant avoir raccroché, le policier avait alors dit à une de ses collègues : « Je la rappellerai de toute façon parce que, là, elle doit être en train de cuver. » On l’entendait ensuite lire à haute voix un extrait de la plainte, puis affirmer : « C’est vraiment une pute. (…) Putain, elle refuse la confront’[confrontation] en plus la pute. Comme par hasard. En fait c’était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. (…) Putain, grosse pute. »
Ces injures étaient-elles prononcées à l’attention de ses collègues, ce qui aurait constitué une « injure non publique en raison du sexe », ou pour lui-même, « comme lorsqu’on s’énerve contre un cycliste en voiture », ce qu’assure le policier ?
Lors de l’audience, au début de décembre, le parquet avait invité le tribunal à répondre à cette question « en son âme et conscience ». Il avait suggéré que, dans le premier cas, le policier devait être condamné mais dispensé de peine, étant donné son parcours exemplaire, et que, dans le second cas, il devait être relaxé. La jeune femme n’avait alors pas caché sa déception face aux demandes du parquet, disant se sentir « écrabouillée ».
Cette affaire avait suscité de nombreuses critiques sur la prise en charge par les forces de l’ordre des victimes de violences sexuelles.
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait dans un premier temps estimé que le policier n’avait « plus sa place » dans la police. « Ce policier a sali non seulement toutes les femmes qui essaient de déposer plainte (…), mais il a sali, il a craché sur l’uniforme de la République de ses 250 000 autres collègues policiers et gendarmes », avait-il estimé, précisant ne pas être « le seul à décider, car il y a des recours juridictionnels ». « J’ai dû supplier le ministre de ne pas me révoquer », avait expliqué le mis en cause au tribunal.
Suspendu pendant plus de quatre mois, le policier a finalement été sanctionné d’une mutation professionnelle, puis en juin 2023 d’une interdiction de contact avec les victimes et les mis en cause pour agression sexuelle. A l’audience, il s’était dit « vraiment désolé que la victime ait entendu ces malheureux propos ».
Le Monde avec AFP
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